L’Armée Guinéenne, histoire d’un basculement ( Par Aliou BARRY,Consultant international, activiste des droits de l’homme, spécialiste des questions de paix, sécurité, démocratie et droits de l’homme en Afrique)

 
Le samedi soir, les amateurs de Jazz de Conakry apprécient d’aller écouter en banlieue Maître Barry et son African Groove. A l’issue du concert, vers 2h00 du matin, le public reprend le volant. Certains, comme I. Camara, ingénieur dans une grande société de téléphonie de la place repartent vers Kaloum : dix kilomètres ponctués de barrages érigés par des gendarmes, des bérets rouges et des policiers[1]. A chaque fois, le chauffeur a l’occasion de constater, médusé, le comportement des forces de défense et de sécurité censées protéger les civils : « Excellence, nous sommes là pour vous, nous avons soif, faim, une petite bière ou un billet nous ferait plaisir ». Un billet de banque et le conducteur est dispensé de fouilles, quoi qu’il transporte. Quand, dans la même file, arrive au niveau du barrage, un véhicule administratif (VA) qu’importe la qualité du personnel à bord, les militaires s’égosillent : « libérez, libérez c’est le véhicule « d’Excellence » » Dans la journée, il n’est pas rare de voir aux carrefours de la capitale guinéenne des officiers supérieurs et/ou subalternes assurer la circulation en quémandant ici et là quelques billets de banques aux paisibles citoyens et chauffeurs de taxis. Par son indiscipline et par manque d’une chaîne de commandement, cette armée est perçue par les populations comme une armée de façade, une armée de parade et non comme une force censée assurer des missions de défense nationale.
La lente dégradation de la situation matérielle et morale des militaires guinéens a abouti à une violation de plus en plus fréquente des règles de la discipline et à un mépris croissant de l’autorité hiérarchique… d’où un absentéisme généralisé, une négligence dans l’entretien des matériels, un port de la tenue militaire en tout lieu et en tout temps. En l’absence d’armurerie dans les casernes, le militaire guinéen est devenu une véritable armurerie ambulante. Laissés à l’abandon, sans encadrement efficace, les militaires guinéens se livrent à des actes de racket. Ils se comportent en de véritables unités de prédateurs entraînant ainsi une véritable rupture entre l’armée et les citoyens.
L’arrivée en 2009 à la tête d’une junte d’un capitaine sans charisme, devant des généraux et des colonels, a été la preuve la plus flagrante de cette désorganisation de l’armée. Le Capitaine Moussa Dadis Camara a reconnu lui-même cette situation en affirmant que « l’armée guinéenne est caractérisée par une telle indiscipline, que c’est la seule armée au monde où un Caporal peut dire merde à un Colonel ».
L’armée guinéenne peut être considérée comme la plus désorganisée de la sous-région ouest-africaine avec des comportements inciviques indignes d’un militaire. On est bien loin de l’ambition des pères de l’indépendance.
« l’armée de l’édification et de la Souveraineté de la Guinée »
L’armée guinéenne a été constituée à partir des éléments volontaires issus de l’armée coloniale. Dès le 1er novembre 1958, Ahmed Sékou Touré demande au Capitaine Noumandian Kéita de créer un corps d’armée national[2]. Le Capitaine Noumandian, entouré de quelques militaires volontaires pour servir la jeune République, prend contact avec les militaires incorporés dans l’armée française. Son objectif : intégrer sous le drapeau de la Guinée des militaires guinéens ayant servi en Indochine, au Soudan français, en Algérie, et à Madagascar. Au moment du référendum de 1958, indique une note du renseignement militaire français, il y avait 11 253 militaires d’origine guinéenne dans les armées françaises, parmi lesquels près de 2 521 militaires choisiront de servir la nouvelle armée guinéenne et 5 000 seront libérés de l’armée française avant le référendum[3].
Dans l’allocution radiodiffusée qu’il effectue le 20 décembre 1958 à l’attention des militaires, Ahmed Sékou Touré salue les hommes de troupe, sous-officiers et officiers « qui ont préféré le chemin de l’Honneur à celui de la servitude ». « L’armée de la République de Guinée, leur explique-t-il d’un ton solennel, n’est pas une armée de conquête et de domination ; elle est l’armée de l’édification et de la Souveraineté de la Guinée, liée à la Nation et à son peuple par le pacte de libération, auquel chaque militaire guinéen a souscrit. » Puis Sékou Touré lance au micro, cette exhortation :
« Nous voulons [cette armée] qu’elle s’inscrive dans notre grand mouvement d’émancipation et qu’elle demeure unie fraternellement au peuple de Guinée, dont elle aura non seulement à partager les charges et les peines, les plaisirs et les bonheurs, mais dont elle devra devenir une des principales forces créatrices. »[4]
L’organisation de la nouvelle armée nationale est calquée sur le découpage militaire de l’ancienne puissance coloniale. L’armée guinéenne est subdivisée en deux bataillons : l’un à Conakry, Kindia et Labé et l’autre à Kankan et N’Nzérékoré. A l’indépendance, son effectif est composé de 16 officiers, 390 sous -officiers et 2 115 hommes de troupe[5].
Le commandement de cette force est donc confié au Chef de bataillon Koumandian Keita avec le titre de Chef d’état-major général de la défense nationale et à Fodéba Kéita comme ministre de l’intérieur et de la sécurité. Sékou Touré donne à Fodéba Kéita une responsabilité totale sur les questions de défense et de sécurité, faisant de lui le vrai créateur de l’armée guinéenne en insufflant un esprit de corps et le sens de la discipline à ces hommes et femmes. Fodéba Keïta exige d’eux de réelles qualifications professionnelles. Et il pousse les officiers à la compétence professionnelle, qu’il s’agisse de l’infanterie, de l’aviation, de la marine, du génie militaire, de la gestion économique[6].
La ville de Kankan abrite à l’époque le Centre de rassemblement le plus important avec un effectif estimé à 500 hommes et 14 fusils. Ce Centre a comme commandant un militaire retraité au moment de l’indépendance, l’adjudant-chef Zoumanigui Akoi. Au temps de la Guinée française, ce camp portait le nom d’Archinard[7] et prit le nom de Bataillon de la souveraineté de Haute Guinée. La ville de Kindia abrite un bataillon de 400 hommes et quelques fusils Hauser. Ce bataillon est commandé par le lieutenant Henri Foulah, secondé par un sous-lieutenant de réserve qui est son adjoint. Par la suite, une compagnie est envoyée à Mamou et a Dalaba. A Labé sera implanté un détachement commandé par l’adjudant Toyah Condé[8] avec un effectif de 50 hommes repartis en trois sections et doté de fusils 36/51, probablement ceux des gardes territoriaux. A N’Nzérékoré sera stationnée la première compagnie de sécurité que commandait le sous-lieutenant Kouyaté avec un effectif de 80 hommes dotés de 12 fusils. A l’époque, les douaniers guinéens ne disposaient que de 100 fusils 1936 et de quelques pistolets.
Cette naissance de l’armée guinéenne se fait cependant également dans la douleur. Les militaires français, avant de quitter la Guinée indépendante, ont octroyé une partie de leurs installations à la nouvelle armée en gestation, mais ils ont aussi détruit toutes les archives, armes et quelques bâtiments des camps cédés. Peu de nouvelles recrues rejoignent par ailleurs la nouvelle armée et le recrutement dans le milieu des jeunes ne donne pas les résultats escomptés pour en faire une armée nationale.
La politisation de la sécurité sous la première République
Pour Sékou Touré, le soldat de la Révolution guinéenne est avant tout un militant politique qui, même en dehors du service, œuvre à la consolidation de la Révolution. Le leader guinéen va donc s’atteler à placer les activités de l’armée dans les idéaux de la Révolution Populaire.
Cette politisation de l’armée s’accélère après les coups d’État perpétrés contre Kwame Nkrumah au Ghana en 1966 et Modibo Keita au Mali fin 1968. En janvier 1969, les services secrets américains constatent, dans un rapport, que « Touré est nerveux par rapport à la loyauté de l’armée ». La CIA indique que le président Sékou Touré est « objectivement inquiété par la loyauté de sa propre armée et craint que les éléments anti-régime puissent tirer parti du climat psychologique créé par le coup d’Etat malien pour exploiter un mécontentement interne présent de longue date. » Les services américains notent qu’Ahmed Sékou Touré effectue un effort majeur pour neutraliser toute opposition potentielle dans l’armée. Mi-décembre 1968, une manifestation de soutien des militaires a été organisée dans Conakry, jusqu’au palais présidentiel. « En s’adressant aux troupes, Touré a annoncé que l’armée cesserait d’être une entité séparée et qu’une législation était en cours de préparation pour l’incorporer formellement dans l’administration. » Il indique également que des comités du parti seront formés dans tous les camps pour créer une plus grande conscience politique chez les militaires.
La note de la CIA va plus loin : elle explique que « les mouvements d’Ahmed Sékou Touré pour émasculer l’armée sont clairement un risque calculé et pourraient peut-être exactement provoquer la réaction qu’ils cherchent à éviter » Le document rend compte de rumeurs, selon lesquelles des troubles ont déjà éclaté entre militaires et autorités civiles.
De nombreux officiers s’opposent à la création de comités politiques, mettant déjà en avant qu’ils vont fragiliser la chaîne de commandement et réduire la discipline. « Il est rapporté, dit le texte, que des officiers ont été arrêtés et que le chef d’état-major, ainsi que son adjoint, ont été temporairement arrêtés pour avoir élevé des objections. »[9]
La préoccupation d’Ahmed Sékou Touré contre un risque de coup d’Etat transparaît dans l’un des volumes de ses œuvres complètes : « Le Pouvoir populaire » publié en 1969. « Devant l’Indignité et la haute trahison de certains militaires africains, complices conscients ou agents criminels du retour en arrière de leur pays, les peuples d’Afrique, les masses travailleuses des villes et de la campagne, les honnêtes fils d’Afrique doivent s’organiser pour briser radicalement toute nouvelle tentative de coup d’Etat en réservant aux futurs mercenaires de l’impérialisme le salaire que mérite leur forfaiture ». Le dirigeant guinéen le réaffirme : « tout soldat doit être un militant, et tout militant un vaillant défenseur de la patrie. » Il indique plus loin que l’armée doit « rester consciente que la politique commande au militaire » et indique que « la vie militante doit être mieux organisée dans nos camps militaires » « Chaque camp constituant un comité de base du PDG, les Bureaux fédéraux et les Comités directeurs doivent contribuer efficacement à l’éducation politique des camarades militaires. Des inspecteurs ont été nommés par le BPN [Bureau Politique National] pour assumer des tâches de contrôle politique et de formation idéologique des cadres et des soldats de notre armée. »[10]  Afin de briser tout esprit de corps, Sékou Touré intègre les militaires dans la fonction publique. Il assure le contrôle politique de l’armée en imposant un contrôle de tous les instants par les Comités d’Unité Militaire (CUM) et les Commissaires Politiques (CP) qu’il institue au sein des camps militaires. Le 16 mai 1969, dans le nouveau gouvernement constitué, le poste de ministre de la défense est supprimé, ce qui semble correspondre à un nouveau geste de méfiance vis-à-vis de l’armée.
La politisation de l’armée et sa soumission au parti provoquent, comme l’avaient anticipé les officiers de l’époque, l’indiscipline et une perte du respect de la hiérarchie au sein des forces armées guinéennes. Les témoignages des militaires publiés dans cet ouvrage[11] sont édifiants. Celui de Facinet Touré, l’un des fondateurs de l’armée est particulièrement emblématique. Selon lui, les maux de l’armée guinéenne remontent à cette époque : « Sékou Touré a politisé l’armée afin de mieux la contrôler. Un jour, on a créé les CUM, les Comités d’unité militaire. Le principe est simple.
Le comité est élu par les soldats. Les simples soldats et les sous-officiers étant plus nombreux que les officiers, les soldats élisaient à la tête du CUM l’un des leurs, souvent un caporal. Les officiers et les commandants de camps devaient rendre des comptes au chef du CUM, c’est-à-dire au caporal. Quand l’autorité du camp donnait un ordre ou une instruction, il devait d’abord demander son avis au CUM. Si bien que la base contestait toujours les décisions des chefs. Quand un caporal est plus fort qu’un commandant ou qu’un capitaine, la discipline disparait. »
 
Une armée affaiblie et surveillée, par crainte d’un coup d’Etat
Sentant le risque d’un débordement par l’armée, le régime ne fait pas que politiser les casernes. Il développe également la milice populaire, véritable bouclier de protection du pouvoir. Les mots employés par Ahmed Sékou Touré dans « défendre la Révolution », marquent un net glissement de confiance des militaires vers le peuple en arme : « L’armée, la véritable armée (souligné par nous) de la République populaire de Guinée, c’est son peuple » lance-t-il[12]. Il ne saurait y avoir de dualité entre l’armée et la milice, dit à l’époque Sékou Touré qui prône plutôt « des rapports d’étroite coopération et d’émulation fraternelle ». Négligeant progressivement l’armée, le dirigeant guinéen comptera pourtant progressivement sur cette milice populaire, dont l’entraînement est même confié à des Cubains. Sa confiance dans la milice franchit une nouvelle étape après l’échec de l’opération Mar Verde, l’attaque portugaise sur Conakry du 22 novembre 1970, au cours de laquelle l’intervention des miliciens est remarquée. En 1971, le régime lance un Etat-major de la milice nationale.
Un ancien officier rescapé du Camp Boiro[13] décrit de manière éloquente l’état de déchéance dans lequel le pouvoir d’Ahmed Sékou Touré place progressivement l’armée guinéenne. Témoin privilégié, il écrit « A cette époque, l’armée était le souffre-douleur du peuple. Sékou l’avait vidée de tout son contenu. Elle n’existait que de nom. Depuis l’arrestation de Kéita Fodéba en 1969 et surtout depuis les événements du Mali, chaque militaire se demandait pourquoi il portait l’uniforme : pas d’instruction militaire ; les armes n ‘étaient pas aux râteliers mais dans des caisses scellées. La cuisine de la troupe était inexistante ; les soldats percevaient leur maigre PGA avec laquelle ils se débrouillaient. Soldats et sous-officiers vivaient dans la promiscuité avec leurs familles et dans des taudis aux abords du camp.
Sékou avait introduit l’armée dans la fonction publique. Les allocations familiales étaient coupées aux trois-quarts. (…) Désarmé, fonctionnaire, politicien, en haillons, pieds nus, travaillant dans les plantations et dans les rizières, mal nourri et mal soigné, le soldat guinéen faisait vraiment pitié. Il était devenu la risée de son peuple qui lui en voulait sourdement et pour cause[14]. »
La milice populaire est non seulement un contrepoids à l’armée, mais également un outil de surveillance des militaires. Elle soumettra l’armée aux mêmes purges sanglantes que le reste de la société guinéenne.
Deux histoires individuelles permettent de l’illustrer. Un ancien milicien rencontré dans le cadre de cette recherche explique qu’après l’ « agression portugaise » du 22 novembre 1970, il a été muté à Labé où il a été chargé d’infiltrer le corps des officiers et d’implanter des membres du parti dans le Comité d’Unité Militaire implanté dans le camp. Après une formation militaire à Cuba, il a ensuite été muté à Conakry où il sera actif dans l’arrestation des militaires et cadres civils qui étaient accusés de comploter contre la Révolution à travers des aveux obtenus sous la torture dans les différentes prisons. Ces aveux étaient radiodiffusés.
Un autre ancien milicien raconte avoir été recruté par la milice en 1969. Après une rapide formation militaire, il est affecté dans la section de la milice du bureau fédéral de Kindia. A la mise en place du Comité d’Unité Militaire dans le principal camp de la ville (le camp Kémé bouréma, où il est affecté), sa mission principale est de surveiller ce qui se passe dans le camp pour le compte des autorités politiques en l’occurrence le gouverneur de l’époque Émile Cissé[15]. La ville de Kindia abrite à l’époque la deuxième prison où étaient enfermés les détenus politiques et les tortures pour obtenir les aveux se déroulaient au camp. Ce témoin participe aux séances de torture. Tous les vendredis soir, il participe aux réunions tenues dans le bureau du gouverneur où est établie la liste des militaires du camp à surveiller, notamment peuls et soussous. En juillet 1971 il participe au peloton d’exécution des détenus politiques au pied du mont Gangan[16] (Ironie du sort, après l’arrivée au pouvoir de Lansana Conté il participera au peloton d’exécution des anciens dignitaires du régime de Sékou Touré en juillet 1985 à Kindia[17]).
En 1982, il est nommé instructeur au camp Nkrumah. Il sera un cadre du centre de perfectionnement politique installé au camp Yaya dont la mission était d’assurer une formation politique aux jeunes officiers de retour de formation des pays de l’Est. Mais son rôle consiste surtout à dresser la liste des militaires qui ne font pas preuve d’un engagement révolutionnaire. Il joue aussi un rôle important pour prévenir les mouvements contre-révolutionnaires, en surveillant le comportement et les mouvements des personnels de sécurité́ et des civils. Il donne son avis sur les nouveaux recrutements et transmet ses compte-rendu hebdomadaires au capitaine Siaka Touré qui est le maître absolu du Camp Boiro et dirige les arrestations et les aveux des détenus.
1984, la revanche des militaires
 
A la mort d’Ahmed Sékou Touré en avril 1984, un Comité Militaire de Redressement National (CMRN) prend le pouvoir et affirme son orientation libérale. Le système de parti unique est aboli et la volonté d’ouverture vers l’Occident est clairement affichée. L’espoir se renforce avec la promesse du CMRN de fonder un État de droit, pour promouvoir et protéger effectivement les droits de l’homme. Cette prise du pouvoir des militaires bouleverse les institutions et l’orientation politique de la Guinée. L’encadrement politico-administratif de la population par les Pouvoirs Révolutionnaires Locaux (PRL), les sections et les fédérations est abolie. La priorité des nouveaux dirigeants est d’asseoir leur autorité, notamment sur l’armée dont ils sont issus.
Selon Bernard Charles, dans les quinze premiers jours du nouveau régime, des mesures « spectaculaires » sont prises par le CMRN pour obtenir le soutien de l’armée : promotion automatique de tous les sous-officiers au grade supérieur et rétablissement de certains grades qui n’avaient plus cours dans l’armée sous Sékou Touré. L’armée est séparée de la fonction publique à laquelle elle avait été intégrée sous le précédent pouvoir, par l’ordonnance du 18 avril 1984[18].
En 1986, les soldes des militaires sont l’objet de fortes revalorisations, nettement plus importantes que celles des salaires des fonctionnaires. La prime globale d’alimentation par mois/homme est doublée. Le nouveau pouvoir militaire entreprend la rénovation des camps militaires avant celle des hôpitaux ou ministères. Le principal camp militaire de la capitale, le camp Samory, est rénové par les Philippins pour un montant de 30 millions de dollars.
Après la suppression du parti État, le CMRN ordonne l’arrestation des dignitaires de l’ancien régime et limoge les gouverneurs des régions administratives pour les remplacer par des officiers de l’armée, de la gendarmerie ou de la police (ordonnance n°1 du 14 avril)[19].
Durant tout le règne de Lansana Conté, d’avril 1984 à sa mort en décembre 2008, l’armée, malmenée sous Sékou Touré, devient l’un des piliers centraux du régime. Le président veille à en faire le corps le plus privilégié de l’État. Alors que les principales infrastructures du pays sont en pleine déliquescence, les forces de sécurité et de défense bénéficient, elles, d’efforts soutenus. Le pouvoir militaire fait rénover le matériel de l’armée et intègre de nouvelles recrues, alors que les effectifs de la fonction publique restent stables. Forts de ce statut privilégié, certains ne tardent pas à mettre en place des circuits d’enrichissement personnels.
Malgré cette position centrale, les relations entre l’armée et le chef de l’Etat deviennent rapidement marquées à leur tour par la méfiance. En 1985, la tentative avortée de coup d’état de Diarra Traoré, alors Premier ministre, donne lieu à une véritable purge, notamment au sein des cadres de la communauté malinké (ethnie de Diarra)[20].
A partir du coup d’Etat manqué de 1985 (puis de la mutinerie de février 1996, cf infra) l’armée est étroitement surveillée de l’intérieur par les officiers et sous-officiers originaires de la Basse-Guinée qui cherchent à défendre coûte que coûte un régime dont ils profitent des largesses. La méfiance du Général-Président le conduit également, avec l’appui de la coopération militaire française, à renforcer sa garde par les fameux « bérets rouges » qui, en grande majorité soussou (l’ethnie du président) sont particulièrement choyés.
Les décalages au sein d’une armée à plusieurs vitesses deviennent de plus en plus criants. Les nombreux clans présidentiels et quelques officiers de l’ethnie du Général Président confisquent les canaux d’enrichissement offerts par l’État. Mais les officiers formés à l’étranger qui ne sont pas de la mouvance présidentielle sont victimes de discrimination et voient leur avancement bloqué de fait. Des pans entiers de l’armée comme le génie militaire, le service de santé des armées, sont laissés à l’abandon au profit des unités chargées de la sécurité présidentielle et de celles destinées aux opérations de maintien de la paix dont l’équipement et les conditions de rémunération sont nettement meilleures.
Les 2 et 3 février 1996, sous prétexte de revendications salariales, les militaires du Camp Alpha-Yaya-Diallo, le plus important camp militaire du pays situé dans la banlieue de Conakry, bombardent à l’arme lourde le Palais des nations. Le Général président échappe de justesse à la mort, mais est conduit manu militari au camp où il s’engage à satisfaire toutes les revendications. S’en suivent des purges au sein de l’armée en 1999, 2003 et 2004.
Les questions de soldes, de primes et de corruption creusent un fossé générationnel particulièrement évident dans les dernières années du Général-Président.
En 2007, pour s’assurer de la fidélité de l’armée lors de la grève générale, Lansana Conté décide de l’avancement de nombreux officiers et soldats et promet que les militaires obtiendront des bénéfices supplémentaires. Fin avril, cependant, les esprits s’échauffent quand la troupe se rend compte que les soldes n’ont pas été augmentées. Les soldats refusent d’être payés. Des actes de protestation dans les différents camps militaires du pays sont mis en place de manière coordonnée grâce aux téléphones portables. Les 2 et 3 mai 2007, des officiers et des hommes de troupe s’attaquent, en différents points de la Guinée, aux magasins d’armes et de nourriture de leur garnison. La résidence du général Kerfalla Camara, le chef d’état-major, est pillée.
Cela fait déjà plusieurs semaines qu’une lettre anonyme circule chez les militaires. Elle réclame neuf ans d’arriérés de salaire, totalisant 300 milliards de francs guinéens (l’équivalent de 97 millions de dollars). Les soldats mécontents accusent, dans leur lettre, le sommet de la hiérarchie militaire d’avoir volé cet argent, rendant le paiement de la troupe impossible. Les revendications semblent même aller au-delà de simples questions d’argent. L’ambassade des Etats-Unis à Conakry explique, dans un télégramme diplomatique, que les militaires mécontents veulent surtout un changement à la tête de l’armée : « Un officier de niveau intermédiaire nous a indiqué que les soldats avaient suivi de près la nomination en mars d’un gouvernement de consensus, ainsi que les changements de personnel et de politique en cours au sein de tous les ministères. Il a déclaré que les officiers de base voulaient voir les changements auxquels ils ont assisté chez les civils se dérouler également au sein de l’armée. »[21]   
En octobre 2008, dans les derniers mois du pouvoir de Lansana Conté, des officiers de niveau intermédiaire de la « 19e promotion » prétendent même préparer un coup d’Etat destiné à renverser le Général-Président. Ils s’en ouvrent à différents diplomates, dont ceux de la France et des Etats-Unis, dans l’espoir d’obtenir un soutien. Sans succès. Les rumeurs provoquent pourtant un afflux de demandes de visa vers l’étranger d’officiers plus anciens[22].
Sous le CNDD, une armée qui semble échapper à tout contrôle
 
A la mort du président Conté, c’est cette armée divisée qui reprend le pouvoir, le 23 décembre 2008, pour instaurer un nouveau régime d’exception. Un Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) composé de 32 membres est mis en place. Le Chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara sait parfaitement qu’à défaut d’être en mesure de remettre de l’ordre parmi les militaires, il lui faudra s’en protéger. Ce faisant, il accélère la déliquescence de l’armée guinéenne.
Moussa Dadis Camara met en place au sein du Bataillon Autonome de la Sécurité Présidentielle (BASP) des hommes qui lui sont fidèles. Il trouve une partie d’entre eux parmi les anciens rebelles libériens et sierra-léonais. Le Chef de la junte recrute aussi 600 nouvelles recrues toutes originaires, comme lui, de la Guinée forestière, regroupées à Kaléah près de Forécariah et entraînées par des instructeurs étrangers, notamment israéliens. Leur formation et leurs soldes ont été financées par le ministre de l’Environnement, Papa Koly Kourouma, membre de la famille du chef de la junte, Moussa Dadis Camara[23].
Deux mois avant le massacre du 28 septembre 2009, un Télégramme diplomatique de l’ambassade des Etats-Unis indique que la situation sécuritaire continue à se détériorer et pointe la responsabilité des bérets rouges de la garde présidentielle. Il est rapporté qu’ils détroussent et frappent des civils la nuit en toute impunité. Signe de l’état de déliquescence de la chaîne de commandement, ces bérets rouges ont agressé le général Mamadouba Toto Camara, le numéro deux de la junte. « Dadis, explique l’ambassade, continue à accroître sa garde présidentielle, ce qui indique que ces problèmes vont continuer à augmenter. Il est estimé que la taille de la force a triplé ces récentes semaines pour atteindre environ 1500 soldats. Des rapports indiquent que, pour rejoindre la garde, les candidats doivent seulement payer de l’argent au camp Alpha Yaya et arriver avec une AK-47 qui coûte environ 200$ en ville. »[24]
 
Comment l’armée peut-elle revenir au service des Guinéens ?
Malgré l’arrivée au pouvoir d’un président civil en 2010 et une réforme du secteur de la sécurité engagée avec l’appui du système des Nations unies, les forces armées continuent de s’illustrer dans la répression des civils. C’est ainsi que les 17 et 18 juin 2016, le Colonel Issa Camara, alors commandant du camp d’infanterie de Mali, préfecture située à 557 km au nord de la Guinée, a ordonné à ses hommes de donner 20 coups de ceinturon à un chauffeur d’un camion mal stationné qui obstruait le passage de son cortège. Déjà excédées par de précédentes exactions, les populations locales se sont soulevées pour demander le départ immédiat de l’officier et de ses hommes.
 S’en est suivie une répression militaire qui a fait trois blessés graves et conduit au pillage de 47 boutiques, dont sept sont parties en flammes. Pour avoir campé dans la cour de l’escadron de gendarmerie de Matam à Conakry, afin de soutenir un des leurs détenu dans ces locaux, les journalistes guinéens se sont vu infliger un traitement inhumain et dégradant de la part de la gendarmerie nationale. Les manifestations de l’opposition sont systématiquement réprimées de manière violente par les forces de défense et de sécurité. Selon l’opposition, des dizaines de personnes ont été tuées par les forces de l’ordre lors de marches contre le pouvoir depuis l’arrivée à la présidence du président Alpha Condé, en 2010. Ces décès n’ont pas été suivis d’enquêtes ou de procès.
Les crises récurrentes que traverse le pays posent, aujourd’hui plus qu’hier, la question de l’impérieuse nécessité de réfléchir sur la politique de défense et de sécurité dont la Guinée a besoin[25]. La situation sécuritaire en Guinée est inquiétante à plus d’un titre et pourrait, si rien n’est entrepris, menacer l’Etat jusque dans ses fondements, compromettre durablement la cohésion sociale et la stabilité nationale.
C’est dans un contexte de crise politique récurrente que les Institutions internationales (Système des Nations Unies, Union Européenne, Union Africaine et Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ont décidé en 2009 d’engager une réforme du secteur de la sécurité en Guinée[26].
Cette réforme était inopportune en cette période de transition politique. Et l’erreur commise par le Système des Nations unies est d’avoir mis -avec bonne foi certes- la Guinée dans le groupe des pays post conflits armés comme le Liberia et la Sierra Leone.
Si la Guinée connaît des crises récurrentes, sa situation ne ressemble en rien à celle du Liberia et encore moins à celle de la Sierra-Léone. Dans ces deux pays, il y a eu un conflit interne meurtrier, un cessez-le-feu et un accord de paix entre belligérants puis un processus de réconciliation et à l’issue du conflit, la Démobilisation, le Désarmement et la Réinsertion des rebelles (DDR). En Guinée, il n’y a pas eu de conflit armé interne et la situation guinéenne est plus proche de celle d’Haïti car, tout comme Haïti, la Guinée a connu pendant près d’un demi-siècle une dictature et un libéralisme sauvage et près de deux années d’un régime militaro mafieux qui ont désorganisé le pays et ce pour de nombreuses années.
Aussi, pendant longtemps, la Guinée n’a en fait jamais pu mettre en place le modèle de l’Etat-nation qu’elle avait voulu fonder après le non au Général de Gaulle en 1958. Et, de surcroit, les dirigeants guinéens ne sont pas parvenus à mettre en place un projet national qui surpasse les solidarités ethniques.
Par ailleurs, l’appareil d’Etat a été accaparé par une mafia administrative organisée (MAO) et non par des partis politiques ou par un gouvernement issu d’une démocratie réelle. Encore aujourd’hui, les dirigeants du pays gèrent l’Etat comme s’il s’agissait de leur patrimoine personnel. Depuis l’indépendance, on a eu à faire à un Etat prédateur qui s’est mis en place et les élites dirigeantes ne tenant leur privilège que du bon vouloir du « responsable suprême » hier sous Sékou Touré ou « Père de la Nation », sous Lansana Conté et aujourd’hui sous Alpha Condé.
Alors que les technologies de l’information sont devenues de nos jours la clé de voûte de tout développement économique, la Guinée est exclue de cette révolution numérique et donc marginalisée. Lorsque le téléphone ou l’électricité ne fonctionne pas, il est difficile de passer à Internet.
Au regard de cette situation politique du pays où tous les secteurs vitaux du développement sont prioritaires, il aurait fallu envisager tout au plus une refondation/restructuration des forces de défense et de sécurité et prendre le temps d’une vraie réflexion sur la politique de défense nationale et de sécurité à mettre en place.
La première urgence était de faire l’évaluation des effectifs pour en extraire tous ceux et toutes celles qui ont été recrutés sans critère de diplôme et de formation adéquate et surtout revenir sur les promotions collectives et fantaisistes accordées aux militaires, policiers et douaniers de Moussa Dadis Camara à Alpha Condé. Une vraie opération chirurgicale.
En lieu et place d’une réforme du secteur de sécurité menée tambour battant, des mesures simples auraient suffi, à savoir : l’évaluation des menaces qui pèsent sur le pays (chômage des jeunes, montée des radicalités etc..), le recensement global des unités militaires et leurs effectifs en vue de faire le tri entre les bonnes recrues et les mauvaises, le renforcement de l’inspection générale des forces armées, la mise en application du statut général des militaires déjà élaboré par des cadres militaires guinéens, la mise en application d’un règlement de discipline générale, la formation des forces armée en matière d’éducation aux droits de l’homme et au droit international humanitaire et la création d’un Conseil supérieur de la fonction militaire chargé de mener une réflexion approfondie sur l’insertion des militaires démobilisés, sur la condition militaire, sur la mise en place d’un système de sécurité sociale des militaires. Aucune réforme du secteur de sécurité n’est possible dans un pays où les structures étatiques sont inexistantes ou désorganisées et où les élites administratives brillent par leur incurie.
Il aurait fallu d’abord réorganiser l’Etat, restructurer l’Administration avant d’engager une quelconque réforme du secteur de la sécurité. Le Président Alpha Condé a reconnu lui-même que l’Etat est inexistant en Guinée. Ceci est d’autant plus inquiétant dans le domaine de la défense nationale qui est une fonction régalienne de l’État.
Dès lors, comment avoir pris le risque d’engager une telle réforme dans un pays où l’Etat est déficient et, quand on sait que l’objectif final d’une réforme du secteur de la sécurité consiste à changer la structure de l’État protégé en une structure défendant l’État de droit.
NB :  Ma contribution au livre « Mémoire collective, histoire des violences politiques en Guinée », RFI/FIDH, paru en septembre 2019 
Annexe 1
Listes des militaires tous grades confondus exécutés ou morts en prison sous la dictature de Sékou TOURE. 
 
1.    Général Noumandian KEITA, chef d’État-major, Général des forces armées, fusillé le 29 juillet 1971
2.    Colonel Kaman DIABY, Chef d’État-major Général adjoint, fusillé le 29 juillet 1971
3.    Colonel Mamadou DIALLO, Chef d’État-major Général adjoint, fusillé le 29 juillet 1971
4.    Commandant Siradiou BARRY, Commandant du corps expéditionnaire au Congo, fusillé le 29 juillet 1971
5.    Commandant Kékoura BEAVOGUI, fusillé le 29 juillet 1971
6.    Commandant Diouma CAMARA, fusillé le 29 juillet 1971
7.    Commandant Cheick Mohamed KEITA, fusillé peu après son arrestation
8.    Commandant Mahmoudou KEITA, fusillé peu après son arrestation,
9.    Commandant Mara Ibrahima KALIL, Chef d’état-major de l’armée de terre, mort au Camp Boiro par manque de soins le 8 avril1975,
10. Commandant Ibrahima SYLLA, Chef d’état-major de l’armée de l’air, mort de diète noire du 13 au 31 mars 1977,
11. Commandant Théoury SYLLA, mort au Camp Boiro par manque de soins,
12. Commandant Kékoura ZOUMANIGUI, ancien officier d’ordonnance de Sékou TOURE, commandant de la gendarmerie nationale, fusillé le 29 juillet 1971
13. Capitaine Mamadou CONDE, Commandant du Camp Boiro, fusillé le 29 juillet 1971
14. Capitaine Thierno DIALLO, fusillé en 1969
15. Capitaine Kémoko DOUMBOUYA, ancien officier d’ordonnance de Sékou TOURE, fusille le 29 juillet 1971,
16. Capitaine Pierre KOIVOGUI, Chef de cabinet du ministre de la défense, mort lors de son transfert à Kindia en 12970,
17. Capitaine Lamine KOUYATE, ancien officier d’ordonnance de Sékou TOURE, mort de diète noire du 12 au 28février 1977
18. Capitaine Sangban KOUYATE, fusillé en 1969
19. Capitaine Mamadou TOUNKARA, mort à Boiro en 1974,
20. Capitaine Kaba CAMARA 41, libéré le 5 octobre 1980
21. Capitaine Alpha Oumar DIALLO, libéré en 1971
22. Capitaine Sékou DIALLO, libéré en 1972
23. Capitaine Henry FOULA, libéré en 1978
24. Capitaine Georges KAMANO, libéré en 1976
25. Capitaine Charles KOUROUMA, libéré en 1972
26. Capitaine Amadou MBAYE, libéré en 1975
27. Capitaine Himi SYLLA, libéré en 1980
28. Capitaine Facinet TOURE, libéré en 1978
29. Capitaine Mohamed TRAORE, libéré en 1972
30. Lieutenant Mamadou BAH, ancien garde-corps de Sékou TOURE, fusillé le 29juillet 1971,
31. Lieutenant Bademba BARRY, fusillé le 29juillet 1971
32. Lieutenant Mamadou Saliou CAMARA, mort en détention
33. Lieutenant Ali COUMBASSA, fusillé
34. Lieutenant Alhassane DIALLO, mort de diète noire du 12 au 28 février 1977
35. Lieutenant Cherif DIALLO, fusillé
36. Lieutenant Boubacar FOFANA, chargé de l’armement au camp Samory, fusillé le 29juillet 1971
37. Lieutenant Amadou KAMISOKO, mort de diète noire
38. Lieutenat LENAUD, mort de diète noire
39. Adjudant-Chef Mouctar BALDE, mort de diète noire, tendons coupés
40. Adjudant-Chef Namory KEITA, mort de diète noire, tendons coupés
41. Adjudant-Chef Himi CAMARA, libéré le13 mai 1982
42. Adjudant-Chef Ibrahima Camara M’BENGUE, mort de diète noire, tendons coupés.ANNEXE 2
43. Liste des militaires guinéens fusillés en juillet 1985 ou mort en détention sous le régime de Lansana CONTE.
  •  
1.    Colonel Diarra TRAORE, ancien Premier ministre de CONTE et ancien tortionnaire
2.    Colonel Idrissa CONDE,
3.    Général Toya CONDE,
4.    Chef de bataillon Abraham Kabassan KEITA, f
5.    Commandant Siaka TOURE, ancien tortionnaire du Camp BOIRO,
6.    Commandant Sidiki CONDE,
7.    Commandant Kémoko KEITA,
8.    Commandant Yaya TOURE,
9.    Commandant Mory TRAORE,
10. Commandant Lancei CAMARA,
11. Commandant Nounké KEITA
12. Commandant Fodé SANGARE
13. Commandant Abdourahmane KABA
14. Commandant Sidi Mohamed Lamine KEITA
15. Capitaine Mandiou TOURE, neveu de Sékou TOURE
16. Capitaine Alfa TOURE
17. Capitaine Mamadi CONDE
18. Capitaine Facély KONATE
19. Capitaine MANSARE, directeur de l’école militaire, assassiné dans son bureau
20. Capitaine Mohamed Lamine SAKO
21. Capitaine Mamadi BAYO
22. Capitaine Lanciné KEITA dit Fankama
23. Capitaine Oumar KEBE
24. Capitaine Bakary SAKO
25. Capitaine Sékou TRAORE
26. Capitaine Baourou CONDE
27. Capitaine Amadou KOUYATE dit Diol, ancien commandant-adjoint du Camp Boiro sous Siaka Touré
28. Lieutenant Kalangban TOURE, aide-de-camp de Sékou TOURE
29. Lieutenant Lamine KEITA
30. Lieutenant Mamadi KOUROUMA
31. Lieutenant Mory Kaba
32. Lieutenant Lansana KOUROUMA
33. Adjudant Kaba CAMARA « de Gaulle », garde de corps de Sékou Touré
34. Sous-lieutenant Mamadi DIOUBATE dit Blindé
35. Sous-lieutenant Mohamed Lamine KEITA
36. Adiudant-chef Adama KAMISOKO
37. Adjudant-chef Fodé KOUYATE
38. Adjudant Sékou TOURE chauffeur
39. Adjudant Pivi Moriba TOGBA
40. Adjudant Aguibou THIAM
41. Adjudant Sékou TOURE
42. Adjudant Wa TERO
43. Sergent Alhassane DIALLO
[1] Les forces de défense et de sécurité (policiers, gendarmes, bérets rouges et membres des Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité) comme on les appelle officiellement aujourd’hui, utilisent en guise de barrages, des tables en bois, des pneus usagés et des cordes.
[2] Cette recherche s’est nourrie de plusieurs entretiens autour des conditions de création de l’armée guinéenne et les rapports entre Sékou Touré et l’armée avec le Général Facinet TOURE qui était sergent en 1958 et premier sous-officier à assurer la garde au camp Mangin aujourd’hui Camp Samory.
[3] Etat major français de la défense nationale, Division du renseignement. « Fiche sur le potentiel militaire de la Guinée ». Service Historique de la Défense de Vincennes, boîte GR9 Q5 122
[4] Reproduit dans TOURE Sékou, L’action politique du Parti Démocratique de Guinée pour l’émancipation africaine, année 1959
[5] Etat major français de la défense nationale, Division du renseignement. « Fiche sur le potentiel militaire de la Guinée ». Op cit.
[6] Voir sur les fonctions exercées par Kéita Fodéba, le site www.webguinee.net/blogguinee de Thierno Siradio BAH
[7] A la mémoire du Colonel Archinard  qui en mars 1891 lança une expédition française sur Kankan contre les troupes de l’Almamy Samory TOURE.
[8] Devenu Général sous le règne de Lansana Conté et fusillé en juillet 1985 à la suite du coup d’état manqué du colonel Diarra Traoré
[9] Cf « Toure jittery over guinean army’s loyalty » in CIA Weekly Summary 10 jan 69. pp16-17 Note déclassifiée disponible sur le site de la CIA.
[10] TOURE Ahmed Sékou, Le pouvoir populaire, 2e édition, mai 1969, pp 315 et 316
[11] Cf plus loin les témoignages de Facinet Touré et du lieutenant-colonel Guilavogui
[12] TOURE Ahmed Sékou « Le peuple en armes » in Défendre la Révolution, 2e ed. 1969, pp100-101
[13] Véritable Camp de la mort en plein centre de Conakry où furent incarcérés de nombreux guinéens victimes de la répression de Sékou TOURE.
[14] Camara Kaba 41 « Dans la Guinée de Sékou Touré, cela a bien eu lieu » éditions L’Harmattan, mai 1998, 251 pages.
[15] Gouverneur de la ville de Kindia, membre de la Commission d’enquête du Tribunal révolutionnaire, tortionnaire notoire au Camp Kémé Bouréma et à la prison civile de Kindia, exécuté par diète noire au Camp Boiro.
[16] Officiellement, 120 militaires, tous grades confondus, ont été exécutés de 1964 à 1972, auxquels il faut ajouter 80 autres fusillés dans la nuit du 28 au 29 septembre 1971, vers 3 heures du matin, au pied des Monts Kaloulima à Conakry et Gangan à Kindia.
[17] Aujourd’hui à Kindia sont côte à côte, les fosses communes des victimes du régime de Sékou Touré et les anciens dignitaires de son régime.
[18] Cf. CHARLES Bernard, « Quadrillage politique et administratif des militaires ? » in Politique Africaine, n°36, Décembre 1989, pp 9-21.
[19] CHARLES BERNARD, op. cit.
[20] Voir en annexe 2 la liste des militaires victimes de la purge sous le règne de Lansana CONTE
[21] « GUINEA’S MILITARY ENGAGED IN NATIONWIDE PROTEST », télégramme diplomatique de l’ambassade de Guinée à Conakry du 4 mai 2007. Consulté le 13 mai 2018 sur https://wikileaks.org/plusd/cables/07CONAKRY489_a.html
[22] « ALL EYES ON NOVEMBER 1 – INDICATIONS OF POSSIBLE COUP OR MILITARY UNREST » télégramme diplomatique de l’ambassade de Guinée à Conakry du 28 octobre 2008. Consulté le 14 mai 2018 sur https://wikileaks.org/plusd/cables/08CONAKRY642_a.html
[23] Enquête menée conjointement par Human Right Watch et l’Observatoire national de la démocratie et des droits de l’homme, institution nationale indépendante des droits de l’homme crée par arrêté du Premier de l’époque en 2008, dont j’ai assuré la présidence.
[24] « LAWLESS SOLDIERS UNCHECKED BY MILITARY JUNTA », » télégramme diplomatique de l’ambassade de Guinée à Conakry du 30 juillet 2009, consulté le 14 mai 2018 sur https://wikileaks.org/plusd/cables/09CONAKRY440_a.html
[25] Voir sur ce sujet : « l’Armée guinéenne, comment et pourquoi faire ?» Mamadou Aliou BARRY, éditions l’Harmattan, 2009,95 pages.
[26] Selon le Comité d’Aide au Développement (CAD) sur la réforme des systèmes de sécuritéretenues par les Ministres de l’OCDE en 2004, un système de sécurité comprend les acteurs essentiels de la sécurité (forces armées, services de police, forces de gendarmerie, services de garde-frontières, services des douanes, services de renseignement et de sécurité, etc.), les organismes de gestion et de contrôle de la sécurité (ministères de la Défense et de l’Intérieur, organismes de gestion financière, commissions des plaintes du public, etc.), les institutions judiciaires et pénales (système judiciaire, système carcéral, services de poursuite, système de justice transitionnelle, etc.) et les forces de sécurité non officielles (sociétés de service sécuritaires, guérillas et milices privées, etc.

Source : leguepard