Interview Jean Marie Doré, président de l’UPG :

 « J’ai vu des ministres, aujourd’hui opposants rampé chez Lansana Conté… »…

Jean Marie Doré, patron de l’union pour le progrès de la Guinée (UPG), ancien premier ministre et ancien député à l’Assemblée nationale nous a accordé une interview au cours de laquelle il a parlé de son voyage médical en Suisse, son départ de l’alliance ADP, la rencontre de Sèkhoutouréya entre le président Alpha Condé et les opposants et de tant d’autres sujets. Lisez !
Le 05 Octobre dernier vous étiez dans ce studio et quelques jours après vous avez quitté le pays. Peut-on savoir où étais Jean Marie Doré et pourquoi ?

Jean Marie Doré : je suis parti en Suisse, parce que j’ai eu des problèmes de santé au mois d’Avril. J’ai été traité, mais mon professeur m’a soumis à un contrôle régulier pour bien s’assurer que je suis rétabli. Donc, j’ai été deux fois à Genève après mon premier séjour, pour un simple contrôle. Je ne sais pas comment les gens ont découvert que je suis parti par une civière et que ma tombe serait quelque part.
Vous savez, les gens parlent pour le plaisir. Quand ils n’ont rien à faire, ils s’amusent et expriment leur état d’âme, leur souhait ou leur fantasme. Je ne pourrai pas apprécier cela.

Justement pour marquer donc votre retour au pays, vous avez organisé une conférence de presse pour annoncer votre retour sur la scène politique. Et, lors de cette conférence, vous avez posé un diagnostic et surtout vous vous êtes appesanti sur la prolifération des partis politiques. Selon vous, il n’y a que dix partis politiques.
L’UPG, nous sommes un parti constant. Pour affirmer sur la place publique une vérité, nous évaluons les données faits et nous voyons si ces données faits s’étendent sur l’avenir. Alors, nous posons notre diagnostic. Donc ce que j’ai dit en Octobre, est encore plus valable aujourd’hui comme facteur de complication de la vie nationale. Et puis, ces partis sont reconnus en violation flagrante de la loi pour la plupart. Et cela, la responsabilité en incombe au ministre de l’ Administration du territoire. Parce que la charte des partis qui organise la reconnaissance des partis et leurs fonctionnements, est claire et catégorique. Pour qu’un parti soit reconnu et agréer pour tel, il faut qu’il ait au moins, au moment des dépôts de la demande d’agrément, 8 représentants résidants dans chacune des régions naturelles qui sont des notabilités connues. Il faut que le parti naisse nationale. Aujourd’hui, c’est une longue liste. Les gens restent aux Etats-Unis, en France, en Hollande et n’importe où en Afrique, ils écrivent au ministère : ‘’Je désire créer un parti politique qui s’appelle X, tel sera le responsable à Conakry ». Et, on lui donne un agrément. Non, il y a la violation de la loi.

Justement, vous avez parlé de la violation et ce jour, vous vous êtes abstenu de citer des noms. En tant qu’homme politique qui assume ses propos. Est-ce que vous pouvez nous citer ces partis politiques ?

J’ai répété au ministre qui est conscient de ce que je dis. Je ne suis pas là pour dénoncer un parti qui a été mis en scène par le ministre. Donc, je dénonce le fait que le ministre ait violé la loi. Celui qui a été à l’abri, je n’ai rien contre lui. Mais je dénonce la violation de la loi à l’occasion de l’agrément qui a été donné et qui viole une loi organique de l’Etat guinéen. Une loi très importante, parce que c’est sur la base de cette loi que nous avons des activités légales.
Donc, il faudrait que la reconnaissance des partis repose sur le respect de la charte des partis politiques et de la loi organique. Ensuite, ces partis fonctionnent toujours en violation de la loi. Parce qu’un parti politique, d’après la charte des partis, doit avoir un siège, une administration, une comptabilité, faire des rapports périodiques, organiser régulièrement ses congrès. C’est toute chose qui n’existe pas. Si vous enlevez cinq partis à la limite dix, il ne restera rien. C’est le sigle, et ça encombre le débat.
Aujourd’hui nous insistons pour que la CENI soit représentative des différents courants politiques importants de ce pays. Parce que la CENI est le sous produit de l’activité des partis politiques en 2006. Mais, quand on va aborder cette question, vous allez avoir une foultitude de gens qui voudraient être représentés. Et, si on lui donnait par exemple le droit de représenter son parti, le leader va démissionner pour être membre de la CENI. Parce qu’on a vu le cas en 2006. Il y a des leaders qui sont seuls dans leur parti. Si vous leur demander d’envoyer leur secrétaire chargé des affaires électorales à la CENI , c’est lui-même qui viendra.

Vous étiez au sein de l’alliance (ADP) alliance pour le développement et le progrès, et vous avez claqué la porte à la dernière minute alors qu’au début le consensus semblait dominer entre vous et vos anciens collaborateurs. Peut-on savoir pourquoi vous avez quitté ?

Je ne voulais pas parler de ce sujet, mais puisque vous l’abordez avec insistance, je vais dire quelques mots. Sinon, M. Fana Soumah de la RTG m’avait interviewé. Je me suis efforcé de parler de ce sujet qui pour moi ne représente plus d’intérêt.
C’est moi qui ai eu l’idée de créer l’alliance, et, je me suis adressé à mon ancien ministre de la communication M. Aboubacar Sylla, puis M. Charles Pascal Tolno, M. Oumar Bah(PUL), M. Ibrahima Condé du PSDG sont venus et on a crée une alliance de six (6). Parce que le sixième c’était le PEDN de M. Kouyaté. Quand les représentants de M. Kouyaté sont venus, ils ont informé qu’ils adhèrent à l’ADP à condition que M. Kouyaté soit le président. Si on commence par attribuer des postes pour une alliance de six, M. Sylla est le porte parole et c’est moi qui l’ai choisit comme porte parole. Ça suffit ! On n’a pas besoin de président. Ils ont dit que dans ces conditions, ils ne restent pas dans l’alliance. Mais quelques jours après, ils sont venus dire qu’ils ont convaincu leur président et qu’il accepte d’être simple membre. Mais tout en demandant que si M. Kouyaté peut devenir deuxième porte parole à l’étranger. Mais, j’ai dit non ! Il ne peut pas être porte parole d’une alliance qui fonctionne en Guinée à l’étranger ? Comment il va savoir ce que nous sommes entrain de faire ici du jour au jour. Laissons M. Aboubacar Sylla seul porte parole.
Et, fondamentalement l’ADP est crée comme une structure du centre. Pourquoi ? Parce que le gouvernement du professeur Alpha Condé, le collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition animé à titre principal par mes amis Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, posaient des problèmes dans un langage extrême. Toute chose qui ne nous convenait pas par notre éducation, notre formation. Parce que, ce n’est pas la vigueur des mots qui fait l’argument.
Si on veut aller à une solution, il faut parler dans le respect réciproque. Il ne faut pas s’insulter toute la journée. Donc, c’est pourquoi nous ne pouvions pas rentrer dans le collectif. Il fallait créer une structure du centre qui cherche la voie moyenne pour raccommoder les différentes tendances qui dérivent loin les unes des autres. Car le pivot de l’ADP c’est le centrisme.

Nous avons dit, mais en dépit du fait que nous sommes du centre, si par hasard nos revendications recoupaient celles du collectif, étant donné que nous sommes tous de l’opposition, il ne faudrait pas se chamarrer devant les autorités. Mais, nous allons avec notre propre vision, nos méthodes de travail et notre langage propre. Je vais en Suisse et je viens, il y a eu beaucoup de décisions qui ont été prises en commun par l’ADP et le collectif. Et, nous avons eu le sentiment net et vous voyez la confirmation aujourd’hui. L’ADP est devenu un appendice du collectif des partis d’opposition pour finalisation de la transition. Je ne peux pas accepter que l’alliance qu’on a crée pour servir d’équilibre et de facteur de rapprochement entre les différentes tendances qui doivent se parler pour que la Guinée avance, devienne un jouet entre les mains d’une des extrêmes.

Le collectif des partis est libre de décider de marcher, de faire un cortège, de faire un meeting. C’est son droit le plus absolu, parce qu’il en assume la responsabilité. Le collectif a décidé de marcher le 27 septembre, ils ne nous ont pas informés. Ils n’ont pas dit pourquoi il marche et quels sont les objectifs politiques qu’ils recherchent par cette marche. Puis, après tout, je viens, on me dit que l’ADP est entrain d’assumer la responsabilité des conséquences de la marche du 27 septembre. J’ai dit que ça, c’est un mélange de genre et je ne suis pas d’accord. J’ai appelé les responsables de l’ADP, et leur ai dit que si ça continue comme ça nous allons quitter l’ADP. Parce que nous sommes un parti du centre. Nous ne pouvons pas rentrer dans une alliance extrémiste.

Lisez tous les discours de l’UPG depuis le 3 Avril 1992, date de notre agrément officiel. Nous avons affirmé que nous sommes du centre. Et puis, voilà on a quitté et je ne vois pas pourquoi il faut en faire une affaire. Ce n’est pas une affaire. C’est rien du tout.
Le président de la République vous a rencontré et l’ADP et le collectif des partis, et vous étiez le porte-parole de la classe politique. Selon certaines bouches, vous vous êtes auto désigné porte parole séance tenante.

Ce n’est pas moi qui ai décidé d’être porte parole, quand Alpha Condé a fini de parler. M. Sidya Touré a pris la parole en premier et il a approuvé ce qu’a dit Alpha Condé devant Dr Ousmane Kaba, Mamadou Diawara devant Cellou Dalein Diallo. Sidya a adhéré à ce qu’Alpha Condé a dit devant tout le monde. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. C’est Cellou qui a fait une réaction critique du discours du président. Parce que pour lui, beaucoup de ses militants sont encore en prison et on lui demande de dialoguer. Il voulait quand même que des actes soient posés pour qu’ils prennent au sérieux la main tendue par le président de la république. Le seul parmi les dix partis qui étaient présents en face du président Alpha Condé. Seul, Cellou a fait une déclaration critique. Tous les autres ont approuvé et ont félicité le président d’avoir fait cette ouverture là. Et puis, à la sortie, beaucoup de leaders ont dit : « doyen, il faut rendre compte de ce que l’on a dit ». Donc, je suis sorti pour rendre compte de ce qu’on a dit. Mais vous connaissez les leaders politiques ici. Quand je suis allé et qu’il y avait une flopée de micros tendus par les journalistes, chacun aussi voulait venir parler pour se montrer. Ça ne me fait ni chaud, ni froid ! Il y en a qui ont dit que Doré s’est auto proclamé pour être porte parole. Je n’ai pas besoin d’être porte parole de quelqu’un.

Ce qui rend subalterne, inférieur certains discours politiques, c’est qu’on veut transformer le néant en quelque chose. Donc, personne n’a besoin de la consommation. Je vous dis ce qui s’est passé parce que beaucoup de gens parlent. Quand ils sont devant Alpha Condé, ce qu’ils disent est différent de ce qu’ils disent dehors. Moi, ce que je dis à Alpha Condé en privé, vous me tendez le micro je vous le répète. Parce que je parle pour l’histoire, je parle pour mes militants. Je parle pour les populations guinéennes qui ont besoin de savoir qu’il y a des partis qui doivent les guider vers le bon port. Mais il ne faut pas venir faire des déclarations selon les circonstances. Parce que certains se trompent. Ils croient que c’est la négation systématique de ce que dit l’autre qui montre qu’il est un opposant intégral, radical. D’ailleurs c’est un mot inerte. Comment peut-on être opposant radical ? En tout cas, conceptuellement, intellectuellement je ne comprends pas la signification des mots ‘’opposition radicale ». Parce que le gouvernement peut poser 100 actes dont 70 ne sont pas bons d’après les analyses, mais, il y a 30 actes qui sont porteuses de progrès. Vous allez rejeter tout en bloc ? Non ! Les acquisitions d’un Etat, c’est par étape.

Aujourd’hui, il y a beaucoup de problèmes qui écrasent notre pays parce que nous n’avons pas d’actions, nous n’avons pas des investissements. Parce que l’ambiance du pays est telle que les investisseurs tardent à venir chez nous.
Mais si le président de la république, qui a formé un gouvernement dont je ne suis pas membre, dont beaucoup de gens de l’opposition ne sont pas membres, mais, il pose un bon acte. Est – ce qu’on doit saboter cela parce que nous sommes de l’opposition radicale ? Je dis ‘’non ! » Donc, ce qui veut dire que nous travaillons uniquement pour combattre quelqu’un et non pas pour la Guinée.
Vous allez refuser si on dit le président Alpha Condé a signé un contrat avec X pays ou organisation pour venir régler en un an le problème d’électricité sur toute l’étendue du territoire national. Vous allez refuser puisque ça vient d’Alpha condé ?

Généralement, l’opposition est plus connue par sa position de dénonciatrice. On n’a jamais vu une opposition flatter les actions d’un gouvernement.

Non ! Je m’inscris en faux contre ce que vous dites. – Aucun parti ne se crée pour être opposant. Ce sont les données, des faits sur le terrain qui font que vous ne vous reconnaissez pas à 100% ou à 80%, 50% dans ce que fait le gouvernement. Trouvez moi un seul parti qui a été agrée et dans le statut duquel il est dit que c’est un parti de l’opposition. Ce sont les circonstances de la vie nationale qui font que vous êtes plus ou moins d’accord ou non. L’opposition radicale ? C’est une absurdité intellectuelle.

Parlant du processus de dialogue entre l’opposition et le pouvoir. Beaucoup de partis estiment qu’aujourd’hui, il y a un blocage du processus de dialogue entre l’opposition et le pouvoir. Le collectif des partis élargit à l’ADP estiment qu’il y a un manque de volonté politique du pouvoir pour aller au dialogue. Quelle est votre analyse et votre appréciation ?

Ecoutez ! C’est leur analyse, qui n’est pas le mien. Jusqu’à ce que le président Alpha Condé, le 15 Novembre, réunisse un certain nombre de partis politiques autour de lui, pour dire que vraiment qu’il a fait des erreurs. Il a dit même qu’il a fait des fautes, il aurait du rencontrer ces leaders depuis longtemps pour qu’on résolve par le dialogue afin d’aboutir à un consensus pour aller aux élections. Il a dit ça, c’était un avis important que notre parti ne dois pas sous estimer. Donc, Alpha Condé a dit : naturellement ce n’est pas moi qui dois vous recevoir pour parler des détails. J’ai crée un comité de pilotage du dialogue sous l’autorité du premier ministre. Vous irez dans ce comité, pour exposer les problèmes afin qu’on trouve une solution. Si vous vous entendez, tant mieux ! En ce moment là, on se retrouve pour fixer la date des élections. Mais si vous ne vous entendez pas, alors en tant que chef de l’Etat, je prendrai les décisions. Alors la porte était ouverte au dialogue.

Nous nous avons demandé rendez-vous au ministre, M. Alhassane Condé, qui nous a reçu dans une ambiance correcte. Le ministre Alhassane Condé est du gouvernement. Il défend les intérêts du gouvernement. Moi je suis de l’UPG et je défends les intérêts de mon parti. J’ai été surpris qu’Alhassane Condé nous dise : ah ! Tout ce que vous venez de dire, je suis entièrement d’accord. C’est impossible ça ! Le gouvernement a une vision, une méthode qui ne cadre toujours pas avec la vision d’un parti politique.

Pouvez-vous revenir sur les préalables que vous avez posés au ministre de l’Administration?

Non ! Je n’ai pas de préalable. Certains préalables me paraissent ambigus. Nous avons des revendications, et, nous estimons que le gouvernement n’a pas pris de disposition pour nous satisfaire. C’est pourquoi nous disons, il faut qu’on se voit pour qu’on se mette d’accord sur la façon d’aller aux élections. Mais, c’est autour de la table de négociation que nous allons poser nos revendications. Mais si on reste à la maison pour dire : tant que mes revendications ne sont pas satisfaites, je n’irai pas au dialogue. Moi, en tout cas ça me parait étrange. C’est à l’occasion du dialogue qu’on règle les problèmes qui nous opposent avec le gouvernement. Mais je ne blâme pas ceux qui posent des préalables sans la solution desquels, ils ne vont pas au dialogue ? C’est leurs droits. Moi je ne suis pas là pour juger les partis, j’ai une méthode d’approche.

Le collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, parle du blocage du dialogue, parce qu’il estime qu’il a posé comme revendication l’arrêt de toutes les activités de la CENI.

Je ne suis pas venu ici comme le censeur du collectif des partis politiques. Je suis venu ici pour vous donner la vision de mon parti par rapport aux problèmes nationaux. Si le collectif a dit ça, c’est son problème et cela ne me regarde pas. Non ! Moi je crois que c’est autour de la table qu’il faut discuter des problèmes qui nous opposent. Jusqu’ici, le ministre ou la CENI ne voulait nous recevoir puisque le président n’avait pas donné le feu vert. Le président de la république a donné le feu vert, maintenant, c’est nous qui avons intérêt à ce que les élections soient organisées dans les conditions de transparence, de crédibilité et dans le respect de la loi. Donc, nous devons nous engouffrer dans l’ouverture faite par le président pour poser nos conditions autour de la table. C’est ce que nous nous sommes entrain de faire. Dès le départ, j’ai dit à l’extrême limite, la personne du président de la CENI ne nous intéresse pas. Mais ce qui nous intéresse, est que lui seul en tant qu’individu, ne dispose pas de pouvoir discrétionnel pour invalider les PV de centralisation de l’UPG de l’UFDG ou d’un autre parti.

Selon vous, que faut-il pour aller aux élections ? Parce que la date n’est pas encore connue. On parle même de blocage.

Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. On ne peut pas parler de date, tant que les problèmes que nous soupçonnons être des problèmes pouvant amener à des fraudes ne sont pas réglés. Le problème de la date n’est pas important en soi. Ce qui est le plus important, c’est de régler les problèmes qui font obstacle à l’acceptation par tous de ce qui est fait au niveau du fichier. De ce qui est fait au niveau de l’administration et de la révision. Et à propos de la révision il y à beaucoup de problèmes qui se posent et sur lesquels l’UPG ne partage pas tout à fait le point de vue des autres partis politiques et du gouvernement.

Le gouvernement parle d’un recensement général de la population à l’issue duquel recensement on va donner des cartes d’identité. C’est bien pour les Guinéens d’avoir des cartes d’identité. Mais la loi dit qu’il faut une révision du fichier électoral avant l’organisation du scrutin. Nous avons fait des études précises qui montrent que l’état du fichier ne nous convient pas. Par exemple, si je prends la Guinée maritime, Coyah 49,8% de la population qui devait figurer sur la liste électorale ne sont pas recensés, Forécariah 52,80%, Kindia 18,60. En moyenne Guinée, Dalaba 39% de la population électorale n’est pas recensé, Koubia 26,8%, Mamou 24,53. En Haute Guinée, Mandiana 29%, Kérouané 18,8. En région forestière, Guéckédou 60,8% de la population qui doit figurer sur la liste électorale n’est pas recensé, Macenta 45,19%, Yomou 61,50%. Donc, notre langage prend une autre signification quand nous parlons de recensement. Nous pensons qu’il est obligatoire, impératif et incontournable qu’à l’occasion de la révision de la liste électorale, qu’on fasse un recensement complémentaire pour corriger ces lacunes graves. Sinon, qui enlèverait toute signification au scrutin qui doit désigner les députés.

Actuellement, Guéckédou est la préfecture de la région forestière la plus peuplée. Guéckédou a 727 000 habitants et seulement 127 000 personnes devaient voter. Et on étudie encore les structures des personnes recensées, vous verrez que les populations autochtones sont moins recensées que les populations halogènes. Donc, ça fait une distorsion dans la représentation nationale. Donc, s’ils disent qu’ils ne font pas de recensement, cela nous parait absurde. Je parle de recensement complémentaire, pas général. Parce que, quelques soient les affirmations de l’autorité, si on doit faire le recensement intégral de la population et délivrer les cartes d’identité, à moins qu’on nous convainc par les chiffres à l’appui en compte des données technique. Je crois qu’on va perdre l’année 2012.

Donc, si aujourd’hui on ne va pas aux élections pour le plaisir d’aller aux élections. On va aux élections législatives pour que la république soit sur les deux pieds essentiels. D’un côté l’exécutif alors le président de la république, et de l’autre l’Assemblée nationale. Il faut donc que, dans un délai raisonnable, on puisse faire les élections afin de remédier à ce handicap grave pour le fonctionnement des institutions. Mais, on ne peut pas, à notre avis, opter pour le recensement intégral qui nous éloignerait de la nécessité qu’il y a de combler le vide institutionnel aujourd’hui. Ou alors, simplement mettre les jeunes gens qui ont atteint l’âge de voter parce qu’ils viennent d’avoir 18 ans. Ce serait ignorer beaucoup de Guinéens, qui ne seront pas inscrits sur la liste électorale. Et ça, nous ne pourront pas et notre parti n’acceptera pas.

L’UPG soutient donc, le recensement complémentaire.

Aujourd’hui, certains estiment que vous êtes champion en retournement de costume. Ils vont jusqu’à se demander si vous roulez pour le pouvoir ou pour l’opposition ?

J’ai entendu ces inepties. J’allais dire ces imbécilités de la part des personnes qu’on devait prendre pour changer de camp. Certains ont appartenu à cinq gouvernements différents, d’autres ont été premier ministre et ont servi fidèlement Lansana Conté. Comme M. Sidya Touré, qui a inventé le fameux slogan ‘’ton pied mon pied ». C’est son affaire, ça ne me regarde pas. Moi je n’ai jamais été pour Lansana Conté. Mais, le président Lansana Conté, c’est le président légal de mon pays. Quand il y avait des problèmes graves qui interpellaient la responsabilité du pays, au lieu de l’insulter, j’allais le voir. Pour lui dire que je ne suis pas d’accord. Et souvent, avec le temps il acceptait. Le président Lansana Conté a entrepris une guerre injuste contre le Libéria. Vous pouvez demander à la classe politique, lisez les journaux. J’ai combattu le fait que Lansana Conté ait pris faits et causes pour l’ULUMO dans ce pays. Je ne sais pas si tu es aux sondages. Moi je n’ai jamais été le serviteur de Lansana Conté. J’étais très d’accord avec Sékou Touré car il était mon ami. J’ai quitté la Guinée , par un acte injuste de Sékou Touré. Il a fait donc les démarches auprès de Siradiou et Bâ Mamadou pour les accueillir vraiment. Mais ceux-ci ont eu peur de rentrer. Moi, par l’intermédiaire de mon oncle, je l’ai dit à l’occasion de trois conférences de presse au siège de notre parti, le président Tolbert est intervenu entre nous et moi je suis rentré ici. Et, Sékou Touré a respecté scrupuleusement ses engagements pour ma sécurité. Il est devenu mon ami. Puisque c’est la première fois que je dis que Sékou Touré était mon ami.

On n’a pas besoin de dénoncer les Guinéens. J’ai fait un livre que je n’arrive pas à distribuer aux Guinéens. Parce que nous parlons d’unité nationale, de réconciliation nationale. Les documents venaient de toutes les régions de la Guinée où les gens se dénonçaient mutuellement au président de la république. Vous verrez que la responsabilité est limitée dans le débordement. Mais, il était chef de l’Etat. C’est lui qui doit endosser les délits parce qu’il avait les moyens de les arrêter. Mais, c’était mon ami, j’assume la responsabilité de mon amitié avec Sékou Touré. C’était au grand jour de la Guinée. Je ne suis pas comme eux qui changent comme des caméléons selon la couleur du jour. Dans l’opposition, j’ai des amis mais ça ne veut pas dire que parce que nous sommes des amis, nous avons les mêmes points de vue.
Si nous avons les mêmes points de vue, on serait dans le même parti. Certains ont fait parti du gouvernement de Kouyaté, d’autres du gouvernement de Souaré, mais je vous le dis que ce n’est pas mon affaire. Ce sont eux qui varient, mais pas moi.

Ils ont été sollicités et approchés ?

Non ! Ils ont accepté. Ce qui compte c’est leur présence. S’ils ne voulaient pas, ils n’allaient pas faire partie du gouvernement. Ahmed Tidjane Souaré m’a proposé d’être ministre d’Etat, j’ai refusé. Mais comme c’est un ami, il a insisté, j’ai envoyé Papa Koly et Aly Gilbert Ifono. Aly Gilbert a été un excellent ministre. C’est pourquoi dans le gouvernement de la transition, je l’ai encore pris comme ministre de la décentralisation. C’est un homme compétent, affable, discret et efficace.

Alpha Condé est un vieux copain, avec Siradiou Diallo et Bâ Mamadou. Aujourd’hui nous restons deux sur les 5. Nous, qui sommes venus et nous qui avons crée des partis qui ont émergé. C’est le PRP de Siradiou, l’UNR de Bâ Mamadou, l’UPG de Jean Marie Doré. Regardez les autres partis, ils sont devenus quoi ?

Est-ce que ce n’est pas pour toutes ces réalités qu’on vous soupçonne aujourd’hui d’être proche d’Alpha Condé ?

Non ! Écoutez, vous pouvez être en total désaccord avec moi. Nous sommes des amis, mais cela ne nous empêche pas de nous plaisanter. Alpha Condé, si il fait mal je vais dire publiquement ‘’ ce que tu fais n’est pas bien ». Je crois c’est ce qui renforce l’amitié. Je n’ai aucune raison d’aller le flatter. Je l’ai dit à la RTG qu’il faut qu’il me dispense des occasions de le blâmer. S’il pose un bon acte, je vais le féliciter. S’il fait le mal, je vais aller le trouver pour lui dire qu’il est entrain de s’écarter de la bonne voie.

Mais tous ces gens qui crient sont des opportunistes. Certains ont été ministres pendant onze ans. Certains ont été premiers ministres. Ils se courbaient devant Lansana Conté. Ils se mettaient à genou devant Lansana Conté et lui ciraient les chaussures. Moi je n’ai jamais ciré les chaussures de Lansana Conté.
Certains sont allés ramper chez Moussa Dadis Camara et d’autres chez Konaté. Et, Konaté a payé la caution et les matériels de campagne électorale de certains autres. Alors, quel est mon intérêt de diffuser ça ? Konaté était mon chef hiérarchique dans le gouvernent, il m’a jamais donné un franc. Mais certains qui parlent qu’ils sont des opposants radicaux, il leur a donné de l’argent pour payer leurs cautions. Et, il a payé des quantités de T-shirt dans un container.

Pourquoi vous vous abstenez de dire leurs noms ici ?

Non ! C’est une question d’éducation mon frère. Si quelqu’un se roule par terre en disant Jean Marie Doré tu es ceci, tu es cela, si je me mets aussi dans la poussière ça veut dire que nous devenons deux imbéciles.

Source: leguepard