Cellou Dalein : Je serai bientôt en Guinée, peut-être même avant la fin de ce mois

Le célèbre leader de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo Président de l’UFDG accompagné de son Vice Président, BAH Oury, et ses alliés Ibrahima Abé Sylla, Fodé Mohamed Soumah… ont tenu un meeting à Paris 75012 à l’espace Reuilly, sis au 21 r Antoine-Julien Hénard ce dimanche 13 février 2011. De milliers de Guinéens vivant en France et dans d’autres pays européens ont effectué le déplacement. L’épouse de Cellou Dalein, Mme Diallo Hadja Halimatou était présente à cette cérémonie….

Dans son discours et en répondant aux questions des Journalistes d’une part et aux partici

pants d’autre part, le Président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) a prévenu qu’il n’est pas question d’accepter qu’Alpha Condé bascule la Guinée dans une nouvelle dictature : « Les exactions du gouvernement d’Alpha Condé nous interpellent tous. Nous n’allons pas accepter que la Guinée retombe dans la dictature. Nous n’allons pas accepter que les acquis démocratiques qui sont les fruits de la lutte que nous avons menée depuis 2007 soient bafoués »

Le Président de l’UFDG a affirmé que l’Alliance Cellou-Dalein-Président se porte bien : « L’UFDG et ses Partis alliés ont décidé de rester ensemble mais avec de nouveaux principes d’alliance que nous allons bientôt définir car les termes pour l’élection présidentielle ne peuvent pas être les mêmes pour les législatives. Nous n’avons encore rien décidé mais beaucoup de choses sont envisageables : faire une liste commune, présenter un candidat uninominal commun dans chaque circonscription, chaque Parti peut présenter sa liste pour constituer la même alliance après, dans chaque circonscription on peut faire de désistement de l’un en faveur de l’autre… Mais le plus important c’est d’être ensemble contre le régime »

Cellou Dalein Diallo exige que les élections législatives soient organisées dans le délai légal qui est 6 mois : « Il faut que les élections législatives aient lieu dans le délai légal. Il faut que le gouvernement et les Partis politiques (opposition) discutent pour fixer cette date à l’intérieur du délai légal. Parce que dans la mesure transitoire de la Loi fondamentale il est dit que les élections législatives doivent avoir lieu 6 mois après la présidentielle. Je suppose qu’on ne doit pas violer la constitution encore une fois en refusant de respecter ce délai et envisager organiser les élections législatives après les 6 mois »

Le Président de l’UFDG demande à Alpha Condé d’enterrer sa haine contre les Peulhs pour favoriser une vraie reconciliation dans le pays : « Il faut qu’on travaille pour une véritable réconciliation nationale. L’ambition de l’UFDG et ses Partis alliés c’est de bâtir une Guinée libre, unie, prospère et véritablement démocratique. Je crois en la Guinée, je cois en son unité dans sa diversité. Lorsqu’il y a eu la chasse à l’Homme contre les Peulhs en Haute Guinée, j’ai dit à toutes les populations de la Moyenne-Guinée de ne pas riposter. En tant que responsables pour l’unité et la prospérité de la Guinée, nous nous sommes très bien comportés. Nous avons réussi à convaincre les Peulhs en leur expliquant que ce sont les politiciens qui étaient en train de manipuler les populations de la Haute-Guinée et les utiliser pour semer la division. Si on avait choisit Alpha Condé pour son expérience, sa compétence…, j’allais comprendre. Mais Alpha Condé a fait une campagne d’intoxication contre les Peulhs en disant que les Peulhs ne doivent pas avoir le pouvoir politique puisqu’ils ont déjà le pouvoir économique. C’était pour monter les autres contre les Peulhs. Je suppose que cela n’est pas bien. Il faut qu’on fasse de la réconciliation notre objectif à tous »

Parlant de la présidence de CENI (commission électorale nationale indépendante) Cellou Dalein prévient qu’il est hors de question que l’opposition accepte le fameux Louncény Camara, le Président autoproclamé que la rue avait chassé à la veuille du second tour présidentiel et que Alpha Condé a reconduit immédiatement après son investiture en remerciant le Général malien Siaka Toumany Sangaré : « Nous n’accepterons pas la présidence de Louncény Camara. Il a fraudé au premier tour. Il a fraudé au second tour. Il est condamné. Pour favoriser la fraude qu’il avait préparée, Louncény Camara a fait disparaitre des Ordinateurs, plus de 50 Ordinateurs préalablement programmés. Il a fait disparaitre des imprimés. Les magasins qui ont pris feu, tout cela était organisé par le RPG pour pouvoir exécuter la fraude qu’il avait préparée. Nous voulons un Président consensuel à la CENI. Nous n’irons pas aux élections législatives avec un Président de la CENI qui est partisan »

Répondant à Alpha Condé qui a récemment exigé, lors d’une interview sur France 24, que les Guinéens pardonnent et oublient les massacres de janvier et février 2007 et du 28 septembre 2009, Cellou Dalein a répliqué qu’il n’en est pas question : « Il faut que les responsabilités soient situées. Au niveau de l’UFDG nous avons enregistré plus de 138 morts, plus de 42 femmes violées, de milliers de blessés… Un homme ne peut pas décider comme ça, au cours d’une interview, que ça y est, c’est fini, on a pardonné, on a oublié… Ce sont les victimes qui pardonnent mais après que la justice et les responsabilités soient établies, pour que plus jamais ça dans notre pays. Ce n’est pas comme ça qu’un homme peut décider que c’est pardonné et oublié. Il faut une vérité, une justice et une réconciliation »

Cellou Dalein dénonce la faiblesse d’Alpha Condé et l’invite à faire un examen de conscience pour savoir que les commerçants auxquels il s’attaque ne sont pas responsable de l’augmentation des prix encore moins de la forte inflation qui risque d’emmener le pays à l’abattoir : « L’explication donnée par Alpha Condé soit disant que l’inflation ou la hausse des prix c’est un sabotage de son régime, c’est soit par ignorance soit par mépris. Ignorance parce qu’il n’a pas de bons techniciens autour de lui pour une économie ouverte. Aujourd’hui l’inflation ne cesse de s’aggraver en Guinée. C’est ce qui fait flamber les prix. Au lieu de donner une explication rationnelle et chercher à trouver une solution à cette inflation, Alpha Condé accuse les Commerçants de vouloir affamer le Peuple. Alors que les prix en Guinée sont les mêmes au Sénégal, au Mali et dans les pays voisins. C’est le franc guinéen qui dégringole et cela est dû à la mauvaise politique monétaire et à la mauvaise gestion budgétaire de l’Etat »

Le principal leader de l’opposant déclare qu’Alpha Condé a déjà signé sa défaite en sortant ses griffes contre une communauté de la nation qu’il dirige : « Nous allons donner au gouvernement d’Alpha Condé les 100 jours qu’il demande. Mais à l’heure qu’il est, il est évident qu’Alpha Condé n’est pas capable de fonder un Etat de droit et il est évident qu’il ne peut pas faire une vraie réconciliation en Guinée parce que comme vous voyez il continue à prôner la haine contre une communauté. On ne peut pas réconcilier les Guinéens avec ça. Lorsqu’il a décidé de revendre le sac de riz à 160 mille, il a acheté avec deux opérateurs économiques : Houssen Dakhlalah et Kourouma. Elhadj Guerguedji lui a vendu 14 mille tonnes au même prix que les deux autres opérateurs économiques, il a refusé »

Parlant de la fermeture de la Ferme du PDG de Safricom, le leader politique promet de protéger toutes les victimes d’Alpha Condé : « Je marque ma solidarité à tous les Guinéens, particulièrement à ceux qui sont opprimés aujourd’hui par le régime d’Alpha Condé. J’essaye de les protéger par tous les moyens en défendant la vérité. L’expropriation dont Elhadj Alsény Barry a été victime n’est pas juste. Les Guinéens en ont marre de l’injustice et de l’arbitraire »

Cellou Dalein rappelle à quel point les Guinéens l’admiraient pendant la campagne électorale : « Nous n’avons aucun problème à la base. Mais l’élite a tellement tribalisé les débats. J’ai été dans toutes les 33 Préfectures de la Guinée. J’ai eu un accueil très chaleureux. Partout, dans toutes les Préfectures du pays, j’ai vu des regards fraternels.

Cellou Dalein Diallo explique que la junte intérimaire du général Sékouba Konaté, le gouvernement du premier ministre ambigu Jean-Marie-Doré et toute l’administration du pays avaient décidé de faire n’importe quoi pour empêcher un Peulh d’accéder au pouvoir : « On a tiré un peu de leçons. Cette coalition pour empêcher l’avènement de Cellou Dalein au pouvoir a été formée. Elle a organisé des discriminations à tous les niveaux. Nous avons subi des répressions brutales. On arrêtait nos militants et nous n’avions pas d’interlocuteurs. On confisquait les motos et les voitures de nos militants. On jetait nos militants en prison. A un moment donné on avait plus de mille militants en prison. On cherchait vainement leur libération. Le RPG (le parti d’Alpha Condé) nous provoque, on vient arrêter nos jeunes. Au début on ne savait pas que l’administration (la junte intérimaire du général Sékouba Konaté) était à la dévotion du RPG. Le gouvernement et toutes les autorités étaient contre nous. Ils ont reporté le second tour à plusieurs reprises. Ils nous ont tournés à rond. Ils ont tout fait pour que Cellou Dalein Diallo n’accède pas au pouvoir. Ils ont organisé des fraudes massives. Ils ont organisé de vol de plus de 50 ordinateurs. Toutes les autorités étaient contentes, aucune enquête n’a été faite. Les imprimés ont disparu, personne ne s’est en occupé. Toute l’administration était acquise à l’idée qu’il fallait tout faire pour que Cellou Dalein Diallo n’accède pas au pouvoir. Ces fraudes ont été aussi organisées par des techniciens de la CENI qui ont consacré 4 nuits pour changer les données »

Dalein déplore la victoire d’Alpha Condé déclarée dans le sang : « Les résultants qui ont été annoncés ont endeuillé beaucoup de familles. Ces fraudes électorales qui ont imposé Alpha Condé ont frustré beaucoup de Guinéens parce que pour tout le monde Cellou Dalein Diallo ne pouvait pas perdre ces élections. J’ai obtenu près de 44% au premier tour, mes alliés ont totalisé plus de 20%, il était littéralement impossible que je perde ces élections alors qu’Alpha Condé n’avait obtenu que 18% au premier tour »

Cellou Dalein affirme que c’est la junte militaire du général Sékouba Konaté, le gouvernement du premier ministre ambigu Jean-Marie-Doré et l’administration qui ont visiblement volé sa victoire et l’ont donnée à Alpha Condé : « J’ai perdu les élections par la fraude et la position partisane du gouvernement »

Le Président de l’UFDG dit avoir accepté les résultats du second tour présidentiel pour éviter une guerre civile dans le pays : « Tout le monde était près à descendre dans les rues si je l’avais demandé après la publication des résultats définitifs. Mais j’ai estimé qu’il ne fallait pas le faire pour cette fois-ci. J’ai accepté ces faux résultats pour éviter d’exposer les jeunes guinéens (à la barbarie des forces de l’ordre). J’ai accepté ces faux résultats pour éviter à la Guinée une guerre civile. On a accepté ces résultats pour sauver des vies. Mais on ne va pas accepter de vol aux élections législatives »

Il dénonce la mauvaise volonté de la Cour suprême : « Les procès verbaux que nos représentants dans les bureaux de vote nous ont envoyés et les résultats que la CENI publiait n’étaient pas les mêmes. Nous en avons déposé plusieurs cartons à la CENI et à la Cour suprême. La CENI n’a pas obtenu une prorogation pour pouvoir analyser nos requêtes. La Cour suprême n’a pas fait le moindre changement des résultats malgré la pertinence des preuves de fraudes. Nous avons dénoncé des bureaux de vote où il y a eu de centaines de votes par dérogation alors que la loi n’autorise que 10 au maximum »

Pour cellou Dalein Diallo ce premier gouvernement de 50 ministre d’Alpha Condé est voué à l’échec : « Nous avons noté de nombreuses faiblesses du gouvernement d’Alpha Condé notamment la violation de la Loi fondamentale, l’adversité et les velléités d’expulsion et de discrimination d’une communauté persistent… »

Il explique qu’il fait la politique pour sortir la Guinée de cette misère et de cette descente au enfers : Notre Alliance a décidé de ne pas être dans le gouvernement d’Alpha Condé parce que nous n’avons pas les mêmes objectifs. Au niveau de notre Alliance, nous ne nous battons pas pour être ministres ou pour avoir les avantages du pouvoir. Nous nous battons pour une Guinée unie et prospère. Nous nous battons pour instaurer un Etat de droit dans notre très cher pays. Nous nous battons pour faire de la Guinée un pays émergent… »

Il réitère qu’il ne regrette pas avoir refusé d’être, lui et les responsables de son Parti et de son Alliance, dans le gouvernement d’Alpha Condé : « Avec les violations flagrantes de la constitution et des droits de l’Homme aujourd’hui en Guinée, nous estimons que nous avons bien fait de n’avoir pas participé à ce gouvernement d’Alpha Condé. C’est vrai que ce gouvernement n’a pas encore déclaré sa politique mais tout porte à croire que nous allons vers une nationalisation de beaucoup d’activités comme l’importation du riz »

Cellou Dalein Diallo invite tous les peuples opprimés par des dictatures dans le tiers-monde de s’inspirer de la Tunisie et de l’Egypte et de réagir.

Le Patron de l’opposition guinéenne annonce son retour au pays : « Je serai bientôt en Guinée, peut-être même avant la fin de ce mois »

Le premier vice-président de l’UFDG, Bah Oury, quant à lui dénonce la mauvaise volonté d’Alpha Condé de modifier le fichier électoral : « Alpha Condé veut modifier le fichier électoral parce qu’il estime que celui-ci est favorable à l’UFDG. Il estime que ce sont les militants de l’UFDG qui se sont massivement recensés. Donc dans son esprit il ne peut rien obtenir s’il ne modifie pas le fichier électoral. Pour lui ce nouveau recensement va lui permettre de faire recenser ses militants. C’est pour cela qu’il veut imposer un nouveau fichier électoral qu’il va manipuler. Faire un nouveau recensement c’est ouvrir une boite de pandores. Il faut que le fichier électoral qui nous a amené aux élections présidentielles soit maintenu »

« Les forces de l’ordre s’attaquaient à nos militants et les arrêtaient par milliers. Nous avons appelé à une journée ville morte parce que nous n’avions aucun autre moyen pour faire libérer les milliers de jeunes arbitrairement et illégalement arrêtés et incarcérés. Sékouba Konaté (chef de la junte par intérim. Ndlr) et Jean-Marie-Doré (premier ministre de la transition. Ndlr) étaient carrément et ouvertement de l’autre côté (l’Arc-en-ciel d’Alpha Condé). Le seul soutien que nous avions en Guinée était le soutien populaire. C’est pour cela que c’est le Peuple qui est descendu dans la rue pour exiger le départ de Louncény Camara. Heureusement il a été remplacé. Mais malheureusement cela ne l’a pas empêché de frauder en faveur d’Alpha Condé »

La cérémonie a pris fin par une prière dite par les sages pour que la Guinée sorte de l’ornière.

Un compte-rendu de Abdourahamane BAKAYOKO, envoyé spécial de Conakrytime.com